15 décembre 2011
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Un tulle de satin
déshabillant le soir
De sa chair de velours et d’une ombre sauvage
Glisse contre mon cœur comme un vivant mirage
Que les rives d’un fleuve ornent de leur sautoir.
C’est un château de pierre et son parc en miroir
Qui brillent sous la lune au ténébreux visage,
Et c’est là que je vis entouré d’un seul page
Dont le silence obscur apaise mon pouvoir.
Je suis né près d’un feu dans une haute chambre
Et j’ai grandi sans jeux sous des baldaquins d’ambre
Que le soleil parfois touchait de ses rayons.
Puis j’ai perdu la vie aux portes d’une ville
Lors d’un combat sanglant contre un flot de crayons
Qui brûlent à leur bois mon costume de gille.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
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vies antérieures
14 décembre 2011
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Marres, murs et miroirs, rades et rocs en marge
Plumes de souffre gris et sables de couleurs,
Le monde de la mer déchire dans ses pleurs
Des pages de ciel lourd qui dérivent du large.
Les molles de rochers levés comme une targe
Dressent leurs dents de pierre au devant des clameurs
De l’océan noirâtre et chargé de douleurs
Dont les longs sifflements reviennent à la charge.
Perles, larmes et peurs, râles, vagues et creux
Ecumes, houles, vents, mâts et courants ocreux
S’affrontent corps à corps dans un fracas d’orage.
Spectre de mort et soif, gifles d’orgueil ardent
Et hargne du vainqueur au beuglement strident
Se partagent la nuit au butin de la rage.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
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pages de l'ombre
13 décembre 2011
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Des clepsydres de vent remplissent de leur peau
Les mares et les bois d’une ancienne lande
Où rougit le vermeil d’une longue guirlande
Attachant le soleil aux voiles d’un radeau.
Des boules de lumière en perles de ruisseau
Scintillent dans le ciel gorgé d’huile d’amande
Et roulent sous les yeux comme une sarabande
Que des tambours de soie offriraient au tombeau.
Des maures et des rois, des reines en cortège
Et des pages en foule aux regards de stratège
Peuplent l’ombre endormie au pied d’un écureuil.
Puis l’apparition, blanchissant à sa flamme
Les cristaux flamboyants du divin tétragramme,
Se mêle au sang nouveau qui coule d’un chevreuil.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2011
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pages blanches
12 décembre 2011
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Dans des filets de crin les chiffres tissent
l’or
D’un monde calciné par des pages de livre
Où se lisent parfois les mots d’une armée ivre
Que des flammes d’orgueil colorent au fluor.
Ils menacent les rois et pèsent leur trésor
Comme des paniers pleins d’un diamant de givre
Qu’une riche couleur de tout soupçon délivre
Car la cendre du sang étouffe un sextuor.
Ils expliquent le monde aux pierres de leur piège
Et dessinent le temps comme un fourneau de liège
Dont la légèreté fascine les conteurs.
Mais les nombres premiers sans aucune racine
Repoussent le destin à son point d’origine,
Le centre du soleil et de toutes les peurs.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2011
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pages sous signet
11 décembre 2011
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L’ourlet d’un tambourin cousu sur une image
Danse au fond d’un regard que le désert brûlant
Berce du souvenir d’un puissant olifant
Dont le sang préviendra d’un terrible carnage.
Un éclair transperçant d’une clameur sauvage
L’horizon décharné par le dernier instant
D’une vie immolée au mépris du serment
Tranche de son feu noir les cordes d’un orage.
Sur la neige enlacée au flot noir de la mort,
Le visage d’un preux se mourant sans renfort
Offre un dernier regard à son Dieu qui l’accueille.
Le Roy sera sauvé d’une autre trahison
Mais perdant son neveu comme sa garnison
Le souverain maudit le félon qui l’endeuille.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
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pages blanches
10 décembre 2011
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Le parchemin cendré des pages de grands
jours
Couvre les toits huilés d’un riche monastère
Comme une feuille d’or dont le puissant mystère
Cache l’éternité dans les pas de ses cours.
Des jardins du chapitre à la pointe des tours
Une douce lumière apaisante et austère
Croque la cathédrale et son saint baptistère
Sous un flot de détails dans les moindres contours.
Des voix touchant au ciel par le doigt d’un cantique
Cisèlent à leur chair une perle mystique
Dont les voûtes de pierre enchâssent la splendeur.
Et dans le ciel de bronze où se niche un instant
Une jeune colombe aux yeux de diamants,
Le soleil apparaît comme le Christ sauveur.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2011
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pages en voyage
9 décembre 2011
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Un rire parfumé d’une vive étincelle
Eclabousse la nuit jusqu’au bord du chemin
Qui sépare le bourg de l’étrange jardin
Où scintille une flamme au cœur d’une parcelle.
L’ombre d’une roulotte aplatie en ficelle
Danse le long d’un mur recouvert de crottin
Et parfois disparaît sous le souffle mutin
De la lune habillée en folle jouvencelle.
As, roi, neuf et carreau, l’amour sera fatal.
Trèfle, valet et cœur, l’argent d’un général
Brisera le bonheur. La mort ! Le sept de pique !
Or la dernière carte envoûtant le sommeil
Dérobe l’avenir en un tour diabolique
A qui s’approche trop des bouches du soleil.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
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pages blanches
8 décembre 2011
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Sous l’écaille du soir une flamme de sel
Lèche le ciel obscur d’une langue d’étoile
Embrasant à son feu les fibres d’une toile
Tendue entre la mer et le vieux carrousel.
Des chevaux parcourant les pages d’un missel
Annoncent le retour d’un bateau sans sa voile
Qu’un rocher de granit soudainement dévoile
Comme un pas de fantôme au regard immortel.
Des gerbes d’aloès et des ruches de verre
Lancent des cercles d’or au-dessus de la terre
Où parfois se dessine une ligne de jour.
Est-ce un rêve de mots qui dérive d’une âme
Ou le rare butin d’un lointain troubadour ?
Qu’importe le savoir, puisque se joue un drame.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
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pages blanches
7 décembre 2011
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La pourpre d’un velours plissé sur la vanille
D’une chair endormie au bras d’un serpentin
Enflamme le désir d’embrasser le matin
D’une bouche goulue avide de myrtille.
Le voile presque éteint d’une étoile en mantille
Fondant le sucre blanc d’une nuit de satin
Couvre à peine le corps d’un mouchoir enfantin
Que la brise indiscrète imprudemment titille.
Des frissons de tendresse éveillant le plaisir
Frôlent de leurs parfums sans oser en rosir
La bouche entrebâillée au regard de l’envie.
Puis l’ombre d’une main passe au-dessus d’un cou
Que la pâleur du jour habille du bijou
D’un baiser murmuré par l’émoi de la vie.
Francis Etienne SIcard Lundquist ©2011
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pages blanches
6 décembre 2011
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Des salamandres d’or ruisselant de splendeur
Brisent de leur maigreur le miroir de la reine
Et jette sur le sol des perles de sa veine
Comme un signe divin révélant un malheur.
Les princesses du trône en ont soudain horreur
Et se précipitant près de la souveraine
Effacent de sa vue à leur plus grande peine
L’image d’un destin presque blasphémateur.
Le Roy flamboie en tout jouissant du délice
Des peintres italiens et des plaisirs du vice
Que l’orgueil entretient d’un sentiment d’amour.
Mais qu’importe la honte à la gente félonne,
Pourvu que le royaume ajoute à sa couronne
Le Duché de Bretagne aux perles de la cour ?
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
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pages blanches
5 décembre 2011
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Photographie © R.M.
Des arrêtes de fonte au bord d’un gouffre en
flamme,
Découpant le soleil nimbé d’un brin de ciel,
Percent la toile en lin d’un bleu immatériel
Qu’une cruche alourdit d’une longue oriflamme.
Les fruits murs du verger dans le ton de la gamme
Bousculent le matin d’un rire artificiel
Qu’un vieux couteau de fer pauvre et superficiel
Tranche de son bavoir comme un bout d’épigramme.
Un verre épais et brut aux lèvres de saphir
Prend la douce couleur d’un sirop de képhir
Qu’un torchon de vaisselle assombrit d’une ganse.
Seul un pain parfumé d’une graine d’anis
Embaume le regard du joyau d’une manse
Où poussent les saisons et les enfants bénis.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2011
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Toiles de pages
4 décembre 2011
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Pyramide de sable et souffle de glacier
L’univers de papier ronge de sa cigale
Les rives d’une mer dont le brumeux dédale
Encercle le matin d’une ligne d’acier.
Une enclume d’horloge éventre au balancier
Des vagues de miel pur sur un bruit de pétale
Qu’une branche de vent embrasse dans un râle
Loin du regard d’un homme et d’un jeune officier.
D’une étoile larmoie une voix en souffrance
Et sur le soleil noir des mots de délivrance
Ebouriffent la cendre enterrant le chagrin.
Un calme irrationnel d’une sombre origine
Touche le cœur du monde car ainsi prendra fin
Le règne de ce temps qui nous brise l’échine.
Francis Etienne SIcard Lundquist ©
2011
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pages blanches
3 décembre 2011
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Dans les buissons du soir où se cache une tombe
La pluie approfondit le mystère d’un roi
Qui quitta son château sans le moindre charroi
Pour toucher de son cœur la très blanche colombe.
Sur un rivage hostile aux bouches d’une combe,
Il rencontra cet homme au profond désarroi
Dont la sinistre allure inspirait tant d’effroi
Que les plus vaillants chefs tombaient par hécatombe.
On le croyait pourvu du pouvoir de Satan
Et l’on disait de lui qu’il était un sultan
Dont les crimes passés se comptaient en grand nombre.
Mais bravant la terreur pour l’amour de son dieu
Le roi lui demanda d’abandonner ce lieu
Pour le suivre sans peur sur les sentiers de l’ombre.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
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pages de l'Avent
2 décembre 2011
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Photographie @Georges Sicard
Un corail de couleurs découpé par les toits
Pavoise dans le sang d’un couchant volatile
Dont les nids de cigogne à la tache immobile
Ponctuent de leur rigueur les reflets maladroits.
Le long de la rivière où les ponts par endroits
Jettent leur langue d’or comme un feu de reptile
Les palais rougeoient seuls dans un miroir mobile
Que des arches de pierre enjambent d’île en île.
L’horloge sidérale emblavée à l’enclume
Bourgeonne à chaque instant d’un rejeton de brume
Sous un carillon clair aux divins chuchotis.
Don Juan entre en scène et la ville chatoie
D’un frisson de beauté que la lune déploie
Sur des pavés luisant d’un clair obscur exquis.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
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pages en voyage
1 décembre 2011
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Quelques temples en ruine entourés d’un bocage
Dressent leur majesté dans un ciel hivernal
Dont la dentelle en tulle à l’éclat virginal
Dérobe la couleur d’un horizon en cage.
L’or, l’encens ou la myrrhe offerts par un roi mage,
Invisibles trésors d’un monde oriental,
Enrichissent l’orgueil du cortège royal
D’un amour rayonnant à ce nouveau présage.
Des princes en turban et des pages de cour
Chuchotent à mi-mots, en attendant leur tour,
Leur émerveillement devant tant d’allégresse.
Mais un singe rêveur et un paon sur un mur
Regardent l’au-delà montrant tant de tristesse
Qu’un nain tremble déjà, lisant dans le futur.
Francis Etienne SIcard Lundquist ©2011
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pages de l'Avent