30 avril 2014
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Caressant le soleil habillé de droguet
La brise a déposé sur le bord de la plage
Les moufles de satin d’un paresseux nuage
Qui souffle dans le ciel des bulles de muguet.
Comme les bois dressés d’un tout jeune daguet
Des racines de vent boursouflent à leur rage
Des vases de porphyre enduits d’un beau cirage
Dont les parfums de deuil éblouissent le guet.
Sur les places du bourg déjà bruit amère
La douleur de la mer dont la sombre chimère
Envahit les étangs, les plages et les ports.
Mais fuyant de la nuit d’où s’échappe une treille
Les premiers mots criés comme des bouts de sorts
Effacent les désirs dérivés de la veille.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
29 avril 2014
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Pour le parfum d’une âme à la peau de cerise
Les lèvres d’une enfant qui court sur le chemin
Couvrent de leurs baisers un cœur rouge carmin
Qui danse dans le ciel comme un miel de banquise.
Quelques gouttes de sang dont l’amour cicatrise
Les crevasses d’un temps d’un buvard de jasmin
Perlent sur les remous d’un sombre parchemin
Où s’enlisent des sorts et des relents de brise.
Par touche de couleurs sous un trait de pinceau
Le granit de la nuit se pare d’un rinceau
Dont les rois ont tressé des armes de parade.
Pourtant le regard nu d’un page de la cour
Rappelle à son devoir à grand coups de tambour
Le fiévreux chambellan pris dans sa mascarade.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
28 avril 2014
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L’aube est un bout d’écrin où se pose un soupir,
Un ravin de silence aux jonquilles de paille,
Un mur entre le ciel et l’or de la rocaille
Qui pousse sous ses doigts en train de s’assoupir.
Derrière une chandelle une eau prête à croupir
Enlace de sa boue un jardin en broussaille
Que cache à demi-mot l’ombre d’une muraille
Adossée à la nuit qui tarde à s’accroupir.
Des mésanges en fleurs picorent sur la lune
Des bulles de lumière échappant d’une dune
Comme un grain de soleil s’envole des forêts.
Et c’est dans le sang vif d’une jeune fontaine
Que se reflète alors la robe de futaine
D’un jour quittant son lit entre les minarets.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
25 avril 2014
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Des pétales de marbre au goût musqué de poire
Percent à leur fraîcheur le secret d’un hôtel
Où la chair se complaît dans des bruits de pastel
S’échappant d’une nuit que la lune veut boire.
Des taches de cristal nouent un nœud illusoire
Autour des boucles d’or d’une fille à castel
Qui trouble à son sourire un client immortel
Dont l’ombre se faufile au fond d’une baignoire.
Des pots au cou de cygne offrent du poivre blanc
Aux regards éblouis par la douceur d’un banc
Que le jardin maquille aux onguents d’une étoile.
Des chuchotements d’homme et des rires de fer
Ouvrent à pas de loup les méandres d’un voile
Et c’est au son du glas que s’approche l’enfer.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
24 avril 2014
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Les mûres de l’enfance enchantent le vieillard
Et cousent à ses yeux la rondeur d’une agate
Qui roule dans la neige où l’air d’une sonate
Fond des pépites d’or sur un banc de brouillard.
Quelques traits de soleil aux doigts d’un scribouillard
Gribouillent un hasard aux jambes d’acrobate
Comme si le passé d’une âme scélérate
Ornait déjà le temps d’un pas de corbillard.
Dès le premier instant la mémoire de l’ombre
Envahit le regard d’une douleur si sombre
Que les mots du silence en perdent leur couleur.
Mais personne ne vit replié sur la page
Qui tourne autour d’un clou dans les mains d’un voleur
Qui n’est autre que soi face aux bruits d’un mirage.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
23 avril 2014
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L’archevêque s’avance au bord du précipice
Jetant un regard noir sur le bas de la tour
D’où s’envolent parfois des plumes de vautour
Que les gens de la cour prennent pour un auspice.
Près de lui sur le toit un genre d’aruspice
Lui prédit l’avenir en parlant sans détour
Des hommes de sa garde et des dames d’atour
Qui cherchent le pouvoir et le moment propice.
Le vent balaie alors des lèvres et des yeux
Les terribles désirs au terreau giboyeux
Où s’entrouvrent déjà des graines de vengeance.
Puis Monseigneur se penche au-dessus du château
Et perdant l’équilibre au contact d’un faîteau
Disparaît dans un gouffre avec désobligeance.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
22 avril 2014
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Sous les voûtes d’un pont construit par les romains
Des plantes sans soleil aux sèves de mercure
Parfument à leurs doigts l’encre d’une écriture
Qui glisse entre les mots des rires inhumains.
Des femmes sans visage abritent sous leurs mains
Les rides d’une peau dont le venin torture
Le regard d’un vieillard qu’une lumière impure
Emplit d’un désespoir sans aucuns lendemains.
Pâle comme la flamme attachée à son cierge
La voix d’un mendiant touche la Sainte Vierge
D’un sanglot de saphir qui se fond dans la nuit.
Passe alors un vaurien dont le manteau de laine
Se consume de peur proche d’une fontaine
Où s’abreuvent des morts tous les soirs à minuit.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
21 avril 2014
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Aux sources du silence au bord de la mémoire
Les mots prennent naissance avec sérénité
Et frottant le soleil lave l’éternité
Comme un sable d’argent au fond d’une écumoire.
Des lustres en cristal et des morceaux de moire
Couvrent de leurs éclats l’immense vanité
Qui règne sur la mer et sur l’humanité
Brandissant une faux aux pages d’un grimoire.
Les flots de la science inondent les couloirs
Où glissent des serpents avides de parloirs
Dont ils peuplent les murs de leur langue perfide.
Car les eaux du déluge emplirent des bassins
Que des perles de soie au calice trifide
Ornèrent par amour de chiffres abyssins.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
18 avril 2014
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Le lourd balancier d’or du temps qui se défait
Comme un nœud de cravate aux couleurs de la page
Touche les toits blottis contre un bout de plumage
Qu’un perroquet trahit d’un regard imparfait.
La bouche d’une fée avouant son méfait
Colle aux lèvres du vent qui selon son usage
Repousse le soleil vers un beau pâturage
Où paissent des agneaux au pelage parfait.
Fables de funambule ou voix de la parole
Les livres d’aujourd’hui cachent la parabole
De l’enfant qui grandit à l’ombre du palmier.
Pourtant quelques savants recherchent seuls encore
La voie ouverte un jour par le vol d’un ramier
Au-dessus de la mer embrasée au phosphore.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
17 avril 2014
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Pâle comme un flocon qui tombe d’une étoile
La nuit se pose enfin sur le bout d’un rocher
Qui garde le vieux port sous son regard d’archer
Face aux vagues d’écume à la bouche de toile.
Les navires de guerre arrachés de leur voile
Surgissent de l’aurore amarrée au clocher
D’une chapelle ouverte aux ombres d’un rucher
Qu’un fil de solitude à son or passepoile.
Blanchissant le soleil d’un masque de corail
Une lavande en fleur aux dents d’un soupirail
Brode à son point de croix l’âme d’une jonquille.
Or sans jamais tricher au jeu des osselets
Une femme étonnée au bruit de bracelets
Fuit vers un horizon que le bonheur maquille.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
15 avril 2014
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Pour un ange échappé de son profond berceau
Dans l’océan bleuté d’un matin en dérive
Une étoile en cristal s’éloignant de la rive
Plonge ses doigts de fée en plein cœur d’un boisseau.
Plus généreux pourtant que la cire du sceau
Son souffle se faufile entre un feu qui se prive
D’une flamme vivante avec qui tout arrive
Et le ciel endeuillé par la mort d’un ruisseau.
Des fruits gorgés de miel ruisselant de lumière
Eblouissent le cœur d’une rose trémière
Suspendue à la nuit comme un baiser d’enfant.
Puisant alors de l’eau dans un bourgeon gracile,
Les derniers mots s’en vont s’enfermer en concile
Jusqu’au jour où viendra retentir l’olifant.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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14 avril 2014
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L’enfance est une foire au parfum de praline
Une table d’ivoire où repose un chagrin
Le damier de la mer posé dans un écrin
Et la douceur du vent par-dessus la colline.
C’est aussi la couleur d’un gant de mousseline
Qui caresse le pli d’un costume marin
Pour cueillir dans l’église à l’ombre d’un lutrin
Un frisson de silence à la voix cristalline.
Ce sont le jeu de l’oie et les petits chevaux,
Les princes et les rois des temps médiévaux
Comme le fruit glacé du sirop à la fraise.
L’âme est donc un grimoire aux arcanes brûlants
Qui recèle un secret sous un manteau de braise
Dont se parent parfois les plus beaux cerfs-volants.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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13 avril 2014
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Jaillissant de l’orage une âme de carton
Déchire un vrai mirage avec une tenaille
Qui plonge son bec noir dans un sac de grenaille
Eventré par un vent aux lèvres de glouton.
Des marmites de marbre et des tours de béton
Rejettent l’insolente au pied d’une muraille
Où des troupeaux de clous se cachent dans la paille
Pour dévorer le temps comme dans un dicton.
Quelques turbans froissés gisent sur le bitume
Près des restes de mots qui disent l’amertume
De voir partir le ciel dans un fourgon furtif.
Les places et les bancs vident alors leur rage
Sur le sommeil d’un ange au visage chétif
Qui passant par la plaine avait perdu courage.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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11 avril 2014
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Un bourgeon de soleil couvert d’un feu de givre
Se fane sur la mer dont le vitrail brisé
Jonche de ses éclats l’horizon irisé
D’une larme de vent que le frisson enivre.
En feuilletant le jour entrouvert comme un livre
Une mouette jette un regard déguisé
Sur le sable gourmand d’un ciel apprivoisé
Par un rayon de miel qui de la soif délivre.
La mousse d’une fleur rougissant de plaisir
Attache à son velours ce rugissant désir
De dévorer un fruit cueilli dans le silence.
Puis des algues de sel enlacent un secret
Autour d’un long soupir dont le charme discret
Tache une feuille d’or d’un peu de somnolence.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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10 avril 2014
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Une flasque en rubis rougit de sa splendeur
Une nappe de lin où regorge l’aisance
D’une table dressée avec cette souffrance
Qu’un homme putréfié contemple avec laideur.
Des fruits mûrs et pulpeux répandent leur odeur
Tout autour d’un cristal coloré de garance
Que de fins chandeliers recouvrent à distance
D’un reflet de bougie brûlant avec tiédeur.
Une paire de gants à la soie amarante
Aiguise le regard d’une lune mourante
Par-dessus les clochers et les quais du vieux bourg.
Minuit sonne à Saint Ange et Rome toute entière
Suspend en vain son souffle aux pas d’un condottiere
Qui lisse de sa main l’or de son brandebourg.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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