A u cœur d’une fontaine où tremble un épi d’orge Des écailles de rouille embrouillent l’écheveau D’une source rongeant les lèvres d’un claveau Sculpté dans une étoile à l’opulente gorge. Le chant assourdissant d’une lointaine forge Roule sur le gravier...
S ous sa lourde mantille ourlée à fleur de peau Le regard étoilé d’un parfum de vanille La négresse s’avance ébruitant sa cheville Enroulée aux couleurs d’un burlesque oripeau. L’église toute entière observe ce fléau Qui ose se montrer à la sainte famille...
I ls recherchent les mots comme des bouts de pain Jetés sur les bancs morts que lave la lumière, Et ils chassent la nuit de leur pauvre chaumière A grand coups de regards où flambe le dédain. Ils parlent des romans et de leur écrivain Traversant l’orient...
L e visage plongé dans un miroir d’émail L’infante ourle du sang autour de sa paupière Maquillant son regard de si jeune héritière Comme une courtisane au caravansérail. Sous un voile froissé par des gouttes d’aiguail Son sourire cruel brise la douairière...
L a dernière lumière épouse le brouillard Et se fond comme un sucre au bord de la banquise D’où s’échappe en pleurant une vague soumise Aux griffes d’un orage à l’odeur de buvard. Loin sur le long rivage au bout d’un étendard Claque un drap de couleur...
D ’une feuille de menthe et d’un feu de fanal Le magicien crée un sirop de cerise En repoussant le soir sur un bout de banquise Dont les reflets de soie élident le canal. Une étoile de laine en manteau cardinal De son museau de nuit habilement égrise...
Photographie de Dominique Arnaud, ©2014 extraite de son blog Mon Petit Journal, d'Ici, Au Mexique et d'Ailleurs. link S ous sa peau de velours piqué de diamants, Le souffle suspendu comme un bruit de rivière, Il éveille le temps d’une braise de pierre...
U ne boule de feu sise dans le feuillage Perce de sa lueur le rideau de la nuit Que des pinces de fer à la douceur de fruit Referment d’un regard dans un coin de treillage. La main d’une déesse affairée au teillage Découpe le silence au parfum qui s'enfuit...
D ans un bouclier d’or où repose un cœur d’ange Un brin de satin noir recouvre de son sang Des perles de cristal que les bords d’un étang Boivent comme du miel au goût mûr de l’orange. Des algues en silence accoutrent de leur frange La dentelle de l’eau...
D ans un lambeau de serge aux couleurs du démon Des ruches de soucis enveloppés de moire Bourdonnent comme un sang versé du purgatoire Sur la chair d’un soleil jeté dans du limon. Un saltimbanque nu s’écrie à plein poumon Que le temps est venu de crever...
D es lys embaument l’ombre au parfum de la lune Et glissent leur dentelle à la bouche d’un roi Qui s’avance en silence avec son palefroi Comme un fantôme mû par l’espoir de rancune. Des pétales de vent posés sur la lagune Rougissent sous le sang qui coule...
I l pousse au bout du temps des temples de porphyre Que des flaques d’argent recouvrent de miroir Comme des jarres d’or où vient mourir le soir Désaltéré d’une aube à la fragile lyre. Les grappes d’un raisin aux lèvres d’un satyre Baignent de leur parfum...
S ous une poudre d’or et de fleurs d’églantine La pierre de mémoire ouvre son grand tiroir Où grouillent des regards dans des bris de miroir Que le flot d’un torrent recouvre de platine. Des boucles de parfum à la peau serpentine S’envolent en désordre...
D ans un sac de brouillard où le tonnerre gronde Un cercle enrubanné d’une peau d’abricot Scintille comme un saint au regard de boscot Que le vent de la nuit voile d’une seconde. Des mains de cire blanche à l’ombre rubiconde Fouillent dans les marais...
L a poésie est l’art de gribouiller l’enfance Sur le velours fané d’un morceau de buvard Que des taches de sang réveillant le brouillard Embellissent d’une ombre aux contours de la France. Des rubans suspendus en travers de la chance Flottent comme des...
D ressée au bord de l’aube où se pétrit le jour La cathédrale en pierre épouse le silence D’une vague de nuit dont la munificence Dore déjà les toits d’une peau de tambour. Les arches de son cloître et les reins de sa tour Exsudent un parfum cher aux...
A la forge des mots tous les bouts de miroir Rougissent sous le feu d’une encre violette, Décolorant la nuit sur une espagnolette Entrouverte aux secrets d’un fabuleux tiroir. Un châle de satin échappé d’un ouvroir Glisse sur un parquet où gît une épaulette,...
C ette flaque de cire où bout l’éternité Vacille comme un fleuve épuré de sa lave Que des cris de soleil échappés d’une épave Couvrent d’or et de boue en toute vanité. Des palmiers alourdis par la sérénité D’une oasis éteinte aux lèvres d’une esclave...
U ne aiguière d’or reflétant sous sa lèvre La pourpre d’un prélat aux armes de vermeil Plonge le grand jardin dans un profond sommeil Dont les cloches du cloître effarouchent l’orfèvre. Les tilleuls et les lys au parfum de sel mièvre Répandent leur effluve...
E nrichissant son cœur d’un verre de chagrin, L’homme s’en va tremblant s’asseoir dans une rue Où l’odeur de la nuit a le goût de morue Comme la pluie aussi la couleur du purin. Près d’une croix de fer passe un chien pérégrin Le regard martelé par la...
L ’encre forge à sa peau des rides de mercure Que les mots sans raison vident de leur tison Comme si par hasard le froid d’une prison Envahissait le sang d’une large gerçure. Le papier délavé par l’or du cyanure Fond sa pâte de bois dans un trou de blason...
D ans le sucre en cristal d’une boule à sulfure Se cache le secret d’un prince oriental Enrubannant la mer d’un cercle de métal Au bord d’un feu de sable orné d’une biffure. La richesse des mots trempés de confiture Jaillissant d’une source au breuvage...
L e froissement câlin des grillons sur la plage Envahit le silence où se creuse un regard, Qui se pose un instant sur le bout de brocard Jeté dans l’océan comme un cri d’abordage. Des perles de soleil grouillent dans une cage Et fondent sous la langue...
I l flotte au bord du lac une ombre de safran Dont le voile bleuté sous le poids du rivage Ensemence l’été d’un ruisselant plumage Que caresse d’un doigt le souffle du joran. Echappé de la mer le cri d’un cormoran Traverse la vallée où se terre une cage...
D ’une rose en cristal éclose au bord du vent Elle avait le parfum et l’éclat insondable Dont parfois le soleil à l’amour indomptable Epousait la beauté d’un vœu pur et fervent. Elle cueillait l’iris comme un fruit du levant Parsemant la couleur d’une...