Arrivé près d’un lac où pavoisaient deux cygnes
Il s’arrêta fourbu, contre souches de vignes,
Et respira l’air frais, l’espace d’un instant,
Lorsqu’un pas de tortue avançant lentement
Entre herbes et galets, éveilla notre Prince.
Clamant être arrivée enfin de sa province,
Où régnait une enfant aux allures de reine,
La belle avait l'éclat d’une blonde sirène.
A ses cheveux de soie elle nouait des étoiles,
Dont les précieux éclats l’habillaient à leurs voiles.
Elle attendait le jour, où le Prince charmant
Lui offrirait la clé de son cœur palpitant.
Personne ne savait ni son nom ni son âge
Mais on la disait bien la fille d’un nuage.
A ces mots la tortue assonant son pas lourd,
Entonna quatre vers d’une chanson d’amour :
Je suis fille de roi, danseuse et musicienne
Qui charme les badauds de sa main magicienne.
Que celui qui s’émeut à mes riches antiennes
Vienne un jour quereller mes perfides gardiennes !
Puis regardant le ciel, d’une mine contrite,
Soupira faiblement en rajoutant bien vite :
« Mais vous allez à pied, sans aucune monture ?
Est-ce là la rançon d’une mésaventure ?
Grimpez donc sur mon dos et ouvrez vos naseaux
Nous irons d’un pas sûr vers l’un de mes châteaux
Pour y loger ce soir, et dès demain très tôt,
Vous partirez, tout seul, au dos d’un escargot,
Vers la belle douceur dont j’ai peint le portrait,
Car l’amour n’attend pas le galant trop distrait. »
Commodément posté sur le dos chélonien,
Notre nouveau rajah, tel un babylonien,
Traversant jardinets, marais et sapinières,
Saluant balsamiers, bergerots et bouvières,
Arriva, sous la nuit, aux portes d’un palais
Dont l’hôte lui ouvrit les rayonnantes claies.
à suivre...
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2011