8 avril 2014
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Sous un porche d’église envahi par le lierre
Une étoile s’endort comme un éclat du soir
Qu’une main de cristal répand d’un encensoir
Plongé dans le silence où se brise une pierre.
Un volet refermé sur un bout de prière
Claque dans le grand vent qui se creuse un couloir
Entre les fruits mûris au bord de l’abreuvoir
Et la menthe glacée au bras d’une rivière.
Sous l’ourlet de la nuit la chair d’un souvenir
Touche déjà la peau des rêves à venir
Où s’échoue un baiser à la pulpe de mangue.
Tout s’enrobe de brume et dans l’obscurité
Une ombre de déesse à la pâleur exsangue
Se glisse entre les mots et leur éternité.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
7 avril 2014
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Il flotte au bout de l’ombre un parfum d’abricot
Et dans le reflet brun d’une boucle d’écaille
C’est un fruit défendu cueilli sur la rocaille
Qui brûle à son poison les lèvres d’un boscot.
La bouche d’une enfant rouge coquelicot
Croque la chair du vent dans un bruit de broussaille
Griffant d’un doux frisson un ange qui tressaille
Sous un baldaquin d’or doublé de calicot.
Un cerf-volant se noue aux branches de l’ivoire
Qui perle de la nuit où s’épuise l’histoire
D’une vague en voyage au pays du coton.
Pas à pas cependant un soldat de la garde
Remonte vers le roi et comme un hanneton
Perce son beau regard d’une humeur babillarde.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
6 avril 2014
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Sous son drap de saphir la nuit couvre le monde
D’une brume de songe où fleurissent des puits
Qu’emportent les enfants dans leur boîte à biscuits
Dès que la fée se fond à la chair d’une ronde.
Une étoile filante à la peau vagabonde
Brille de mille éclats brassant des mots fortuits
Dans une outre en papier qui contient tous les bruits
D’un univers naissant d’une seule seconde.
Le soleil et son feu coulent d’un entonnoir
Déroulant sous leurs pas la poix d’un promenoir
Recouvert d’un branchage où gazouille une grive.
Enfin se lève au loin une voile de lin
Qui délie à sa joue une aube de moulin
Comme un fleuve embrasant la terre de sa rive.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
5 avril 2014
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Comment creuser le temps d’une louche de sel
Et nouer à la vie une ombre de mirage
Comme si les bateaux qui bordent le rivage
Délivraient le soleil du poids d’un lourd missel ?
Pourquoi porter les mains sur le grès du chancel
En barbouillant l’azur d’un chiffon à cirage
Que des perles de sang dans un moment de rage
Ont taché d’un chagrin pour défendre un lambel ?
Et qu’importent ces mots dont les rides de joie
Froissent le souvenir d’une certaine soie
Qui jadis se tissait aux tambours des métiers ?
Car pour suivre le cours d’une fraîche rivière
Il suffit de cueillir des fleurs de sansevière
Sous les branches en feu des plus beaux noisetiers.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
4 avril 2014
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Dans un vase de chine à la peau de cerise
Un bouquet de lilas boit la fraîcheur du soir
Dont la mousse bleuit les ombres d’un boudoir
Où repose une femme à la douceur exquise.
Un paravent de soie orné d’un bout de frise
Souffle un parfum de musc sur le cou d’un drageoir
Que des perles de sucre et l’argent d’un bougeoir
Couvrent de leurs baisers aux lèvres de banquise.
Dans un lointain jardin résonne par instant
Le murmure d’un gong dont le frisson distant
Caresse la glycine et l’eau d’une fontaine.
Puis lentement le jour quitte chaque regard
Et plonge le visage aux traits de porcelaine
Dans une longue extase où se perd le hasard.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
3 avril 2014
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Comme des bulles d’or prises dans un ruisseau
Les yeux de la déesse enfoncent dans l’argile
Des bulbes de soleil dont le souffle fragile
Ecarta de la mort un enfant au berceau.
Un panier d’osier frais d’un éclatant ponceau
Vagabonda sur l’eau porté d’un flot agile
Jusqu’aux berges du fleuve où pour premier asile
La nef vint s’abriter sous un riant arceau.
Déjà prince l’enfant guidera sans relâche
Toute sa nation rebelle, dure et lâche
Qu’il nourrit d’une manne au divin goût de miel.
Puis la terre promise au bout de son voyage
S’ouvrit à leur regard comme un cadeau du ciel
Que Dieu dans son amour leur offrit en partage.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
2 avril 2014
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Les mots sont des buvards qui boivent l’existence
De leurs lèvres de sucre en trempant du papier
Dans de la confiture oubliée au grenier
Dans un coin de bonheur privé de pénitence.
Ils pendent la douleur au bout d’une potence
Délavée au soleil d’un éternel brasier
Qui brûle le destin au bois de framboisier
Comme si les remords tenaient lieu de sentence.
Puis ils longent les sens et creusent le regard
Avalant la lumière et les trous du billard
Où se joue à deux mains une sonate d’orgue.
Ils ne laissent pourtant jamais le ciel toucher
Leur peau de porcelaine et le tendre bûcher
Qui souvent voit s’ouvrir les vantaux de la morgue.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Vitrail de glaise
1 avril 2014
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Dès l’aube au bord du lac des ficelles d’émail
Poussent dans les roseaux frôlés par la banquise
Que des anneaux de sable attachent à la bise
Comme le velours noir d’un fabuleux camail.
Des ruisseaux de soleil sertis de pur corail
Boursouflent l’arc-en-ciel d’une peau de cerise
Dont le parfum sucré brutalement se brise
Contre un cœur assoiffé par un bruit d’éventail.
Au jeu du labyrinthe un homme sous un masque
Lutte contre le ciel au cœur d’une bourrasque
Qui soulève un secret sous les yeux d’un serpent.
Une magicienne en habit de gitane
Vient alors se jeter au pied d’un grand platane
Pour d’’un coup de fouet renier son serment.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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31 mars 2014
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Enveloppant la nuit d’un parfum d’aubépine
L’ange à son souffle d’or pousse un fruit de coton
Vers l’horizon drapé dans un creux de feston
Comme du sucre d’orge à la fleur de glycine.
Des vitraux chatoyant sous de la nougatine
Cachent le cœur tremblant un bout de mirliton
Qu’ils croquent en jouant avec un gros chaton
Pris dans une pelote au rouge alabandine.
Des pierres de couleur ornent tous les palmiers
D’un éclat de sommeil et de mille ramiers
Qui chuchotent des mots comme une friandise.
Et lorsque tout s’éteint dans un bruit de ruisseau
Les tous premiers soupirs d’une jeune marquise
Se fondent au
sous-bois où résonne un asseau.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2014
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29 mars 2014
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Ils vont vers leurs plaisirs comme ils vont vers la mer
Les bras chargés de sable et le cœur plein de haine
En oubliant le vent, les flocons et la laine
Que des rides de sel couvrent d’un goût amer.
Ils échappent aux mots et aux bruits de l’enfer
Par des portes sans nom en peau de porcelaine
Embrassant des serpents dont la pâleur malsaine
Empoisonne leur sang d’un germe de cancer.
Muets, pales et nus ils avancent en file
Le long des quais fardés de coton hydrophile
Et griffent le silence avec leur désespoir.
Pitres, peintres ou rois, les hommes sans sagesse
Finissent tous un jour au bout d’un grand couloir
Derrière les verrous d’une grande tristesse.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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28 mars 2014
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Un ogre descendu d’un ciel de pacotille
Dévorait le mouchoir d’un chardon qui pleurait
Car un tabellion par orgueil le leurrait
En le faisant cousin d’une blonde jonquille.
Emu par la douleur d’une fleur si gentille
Un âne bon enfant que le pleur épeurait
Consola le chardon dont l’épine effleurait
Une langue tendue à l’odeur de myrtille.
Croquant une phalène ignorante du bruit
Un lézard amusé sous la peau d’un beau fruit
Se frotta par mégarde aux feuilles d’une ortie.
L’ogre s’en offensa d’un courroux sans égal
En avalant tout rond pour son plus régal,
Ce succulent dessert comme on mange une hostie.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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26 mars 2014
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Cette flaque de cire où bout l’éternité
Vacille comme un fleuve épuré de sa lave
Que des cris de soleil échappés d’une épave
Couvrent d’or et de boue en toute vanité.
Des palmiers alourdis par la sérénité
D’une oasis éteinte aux lèvres d’une esclave
Tendent leurs cous de marbre aux baisers d’un agave
Admiré par le soir pour sa divinité.
Un flamand vole encore au bout de son étoile
Et déploie en cadence un nuage de voile
Qui le pousse vers l’aube et sa rive de miel.
Puis l’ombre d’un tocsin palpe l’ombre d’un doute
Et laisse se faner sous la peau d’une voûte
Ce rayon de couleur où se meurt l’arc-en-ciel.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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25 mars 2014
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Un serpent de soleil au sommet du beffroi
Regarde un jour mourir et la nuit mise en bière
Dans un chiffon de feu qu’un éclat de lumière
Enflamme d’un soupir dérobé de l’effroi.
Passant la porte d’or et le chas de l’octroi
Une âme se repose au cœur d’une civière
Que des sphinx sans regard gardent de leur crinière
Comme un trône envoûté par le jeu de l’orfroi.
Un souffle encore chaud parfume l’air brillant
D’un vague souvenir de la lune au déluge
Lorsque les eaux croulaient du ciel en vétillant.
Puis des tranches de temps, d’encre et de diamant
Ecrivent sur les murs l’histoire d’un transfuge
Qui trahit les secrets d’un pouvoir infamant.
Francis Etienne SIcard Lundquist ©2014
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24 mars 2014
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La terre s’est ouverte aux cascades d’acier
Et rougit le pavé des ruelles sans âme
Où se couche un vieillard sur un tapis infâme
Dont la peau éculée attise un créancier.
Comme chaque seconde au bout d’un balancier
Le regard du clochard illustre de son drame
La douleur de trembler au danger d’une lame
Qui brille dans la nuit hostile au besacier.
Un aboiement lointain déchirant la campagne
Etouffe le soupir d’un râle qu’accompagne
Le venin d’une lune en linceul de satin.
Qu’importe que se meure un homme de la rue
Pourvu que le parfum des croissants du matin
Eponge de nos yeux l’horreur d’une verrue ?
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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22 mars 2014
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La poésie est l’art de trancher le silence
En touchant du regard le bord de l’univers
Où repose parfois dans des restes de vers
La peau d’un souvenir d’une ample violence.
Les couleurs et les mots sans autre équivalence
Que celle dont le sang nourrit les dons pervers
Détruisent chaque jour la rigueur d’un hiver
Que personne ne boit par peur de somnolence.
Et pourtant le parfum d’un jour gorgé de sel
Efface le soleil des pages d’un missel
Froissé par un soupir à la pâte d’amande.
Car l’or bouillonne alors dans un bout de cristal
Que des griffes de sable arrachent d’un métal
Gonflé d’une encre bleue et d’un bruit de guirlande.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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