E n égrenant le soir sur un coussin d’ardoise La pluie offre un soupir aux lèvres d’un enfant Qui court sous le soleil au bras d’un éléphant Dont le souffle de verre a le goût de framboise. Des vitrines d’or pur où le temps s’apprivoise Dansent le long...
P our froisser son regard dans un brin de lavande Une mèche de ciel trempe ses boucles d’or Dans un lavoir de grés où la source s’endort Comme un fil de savon à la pâte d’amande. Sous un porche de pierre en forme de guirlande Des ombres de cercueils déracinant...
U n ruban de vanille entaché de venin Flotte dans le désert au-dessus de l‘abîme Où se glisse un soleil dont la puissante cime Touche de son front pur la frange d’un hennin. Le sourire glacé du tout jeune menin Souffle sur le silence enrichissant le crime...
D ans une goutte d’eau suspendue à la lune Une étoile se baigne en riant de sa peau Que des rayons de ciel recouvrent de sureau Comme si le soleil dévorait une prune. Les parfums de la nuit tarissant la lagune Chamaillent au silence un bout de son tombeau...
P ar delà la muraille ouverte sur le sable Le ruban de la mer cousu sur du cristal Borde de son ivoire une once de santal Offerte à des oiseaux en nombre incalculable. Sous la tour angulaire où vit le connétable Des vagues chiffonnant le remous végétal...
D ans un bruit de cymbale et de fruits en métal Quelques fragments de pluie au bord de la banquise Rougissent comme un antre où des bouts de cerise Murissent sous la peau d’un conte oriental. D’absurdes passions au breuvage fatal Dévorent le silence en...
P armi les grains de peau la ride d’un vieillard Trace de son pinceau des cercles de lumière Que les chiffres du vent jettent dans la rivière Où se noie un enfant sous un dais de brouillard. Le souvenir des jours passés près d’un billard Et celui plus...
L e sucre d’une image où se couche l’enfance Coule le long de murs recouverts de haillons Et vient glacer le cœur de riches médaillons Suspendus aux soupirs d’une immense distance. Le désir d’obéir aux lois de l’inconstance Cache souvent l’amour de lointains...
S ur la lèvre d’argent d’une antique timbale Un rayon de soleil glisse sa peau de miel Qu’une perle de pluie alanguissant du ciel Brûle de son baiser comme un bruit de cymbale. Le marbre délavé d’une pierre tombale D’où s’efface le sang d’un péché véniel...
U n fil de broderie englouti dans la neige Embellit le manteau d’un prince catalan Dont la toute puissance offre à son chambellan Le plaisir de souffrir l’horreur d’un sacrilège. Des femmes de la cour en infini cortège Offrent de leurs atours le spectacle...
D e la boule de suie à la bouche d’un roi L’or de la symétrie écarte le ciboire Des ruches de cristal et de l’art oratoire Que les prêtres boiteux blâment de leur beffroi. Sans images du mot les règles de l’octroi Effacent le bruit pur des cris du purgatoire...
A ux méandres d’un cœur où s’accroche l’amour Quelques brins de bonheur mouillés de grenadine Fleurissent en douceur comme un fruit en sourdine Que des mains de danseur posent sur l’or du jour. Des vagues de silence au précieux contour Voilent de leur...
S ous la vague cendrée aux couleurs de la lune Se glisse un rayon d’or enflammé par l’espoir De torsader le vent aux griffes d’un guipoir Que des branches de nacre ôtent de la lagune. Le phosphore irisé d’une douce rancune Danse au-dessus des flots dont...
C omme un cierge de vent que souffle une sirène La peau de l’océan frisonne par instant Sous le regard ganté d’un orage distant Dont les dents de velours croquent de la gangrène. Des rides de savon construisent une arène Autour d’un abreuvoir qu’un silence...
L e long d’un chemin bleu bordé d’une rivière Pousse la soif du temps qui ronge toute peau Du désir inconstant de connaître l’oiseau Qui traversa le ciel jusqu’à l’autre prière. Est-ce le fruit d’un jour près d’un vieux cimetière Ou le souffle incertain...
L es lèvres du printemps touchent de leur caprice Les roses et les lys dont les frissons d’amour Courent jusqu’au soleil dans leur plus bel atour, Et déjà se répand un parfum de délice. Les larmes d’une pluie échappant d’un calice Scintillent de tendresse...
C ’est un pauvre garçon qui tremble de maigreur, Près d’un banc enneigé dans un parc de la ville, Or déjà le silence étouffe un mot servile Sur ses lèvres de glace à l’émail sans couleur. Quelques passants distraits contemplent sa laideur Mais fuyant...
D ans la brume du soir une flamme de cire Vacille comme une ombre entre mer et rochers Léchant de son éclair les tuiles des clochers Que les marins perdus ont du mal à maudire. Les vasques en cristal d’un étrange vampire Se remplissent de feux et de larges...
P arfois distrait par l’astre aux rayons de vermeil, Parfois bercé d’un rêve aux saveurs de réglisse Le regard d’un enfant penché sur un narcisse Efface l’océan de mon profond sommeil. Des lagunes de miel frémissant de soleil Caressent de leur or des...
D ans le fleuve du soir où se couche la lune Les lustres du manoir embrasent de leurs feux Les bois et le brouillard dont l’or miraculeux Efface le chagrin d’une triste fortune. Des ombres en haillons sur la lande commune Dépècent de leurs doigts le temps...
L e flamboyant rubis d’un bout de sucre d’orge Glisse sur le satin d’une langue d’enfant Qui chuchote des cris et murmure en pouffant Des histoires de rois qui se tranchent la gorge. Des voiles d’organdi piqués dans des grains d’orge Susurrent des soupirs...
D es particules d’or fondant sous le regard Dansent sur les reflets d’une étrange pendule Dont le cuivre passé d’un mouvement ondule Entre les doigts d’un roi et le cœur d’un renard. Des franges de soleil au bord d’un boulevard Brûlent le pavé mort dont...
I l brûle au bout du soir des pétales de flamme Que des barques de soie emportent sous le vent Comme des coffres d’or arrachés au couvent Où tremblent le Graal et sa belle oriflamme. Des gestes d’écrivain ouvrant un calligramme Perlent de leur saveur,...
L e long d’une charmille où se glisse un chardon Quelques notes de vent qu’enveloppe une étoile, Epousent le désert recouvert d’une voile Dont les replis de sel se gonflent d’amidon. La dentelle d’un feu d’un cœur vert céladon Papillonne dans l’ombre...
D e rares souffles d’air rafraîchissent la tour Que les gardes du roi surveillent comme une ombre Dont les éclairs de sang jaillissant d’un cœur sombre Eblouissent la nuit et la ville à l’entour. Des magistrats distants aux regards de vautour Attendent...