D es raviers de soleil polis par la limaille Jonchent les chemins creux d’une sombre forêt Dont la dentelle en herbe essuie un mascaret Faufilant la lumière à un fil de grenaille. Proche d’une tourelle au pied d’une muraille Des mares de papier aux mains...
D étachant le matin d’une branche d’étoile Le souverain derviche allume dans le ciel Une orange de feu parfumant de son miel La rosée accrochée à des morceaux de toile. Le tintamarre vif d’une brutale voile Brouille à son lin neigeux le cœur d’un arc...
J aillissant de la nuit comme un pain de corail Une étoile est venue affubler le silence D’un parfum de sel noir dont la déliquescence Embaume les greniers d’une flamme d’émail. Des glycines en fleur aux portes d’un sérail Jettent des confettis en pleine...
C omme le cœur se gonfle au souffle du bonheur, Versant sa douce larme au-dessus de la braise Qui repousse l’instant au bord d’une falaise Surplombant le désert de toute sa hauteur ! Les rides de la neige où se glisse la peur Couvrent des océans dont...
U ne braise d’étoile à la bouche de sable Ruisselle de la mer où se dresse un rocher Dont les griffes de cendre échappant d’un bûcher Ecorchent le chagrin d’un être inconsolable. Ni l’or de l’orient ni les ruses du diable Ne troublent le sommeil d’une...
S ous sa peau d’argent pur et ses feuilles de cire L’olivier fouille l’ombre où s’endort un lézard Que le bruit de la mer a jeté par hasard Sur la grève d’un songe accueillant un navire. Des vapeurs de sel rose offrent sous leur empire Des images de sucre...
E n touchant de sa lèvre un soupir de framboise, Le zéphyr éblouit l’âme de ce jardin Où repose un instant sur un vertugadin Un fil de soleil tiède au reflet bleu turquoise. Quelques feuilles de menthe au parfum de vergeoise Bruissent en silence et se...
L es voiles indiscrets des immenses tiroirs Couvrent de leur bois mort des pages d’encre rouge Que les greniers du ciel aux fibres de carouge Brûlent sous un soleil traversant les miroirs. Près d’un tambour planté comme l’or des manoirs Une plante en...
Q uelques étoiles d’or au dessus de la terre Dansent comme du feu descendu d’un bougeoir Le long d’un noir vitrail que des coups de grugeoir Ont poli dans le sang d’un invisible verre. Des masques à visage et des morceaux de pierre Ignorant la splendeur...
E nroulé dans un fil en forme d’allumette L’éclair traverse l’air d’une larme de sang Que des roches en feu, dans les bois d’un écang, Ecrasent comme un nœud contre un fer de clavette. Des rubis de soleil suspendus en chaînette Pétillent en dansant sur...
D es rivières de sable enrichissant la lune Dérobent de la roche un manteau de vermeil Dont les pans veloutés recouvrent le soleil D’une masse de mots qui contemplent Neptune. Proches des rides d’or d’une lointaine dune Passent des matadors aux sourires...
L e bruissement sourd d’un pas ganté de cuir Déchire le pavé d’un palais à Venise Où l’ombre d’une femme en habit de marquise S’enfonce dans la nuit qui va s’épanouir. Des roses de satin dont la chair a dû bruir Aux lèvres d’un drapier que le temps divinise...
E lles passent leurs mains sur des fourches de lin Que les vents de la nuit rongent à leur prière Dévêtant les embruns des rides de bannière Dont souvent le sel pur perce le cristallin. Leurs doigts touchent le poids d’un demi-esterlin Et caressent l’orfèvre...
D ans la laine du soir j’égraine un chapelet Détachant de la nuit des gouttes de silence Que je plie en priant avec grande imprudence Comme si je tissais les fils d’un mantelet. Des larmes de ferraille au bout d’un bracelet Dégoulinent d’un miel dont...
E n parfumant la nuit d’une goutte de rose, La main de la sultane écarte du palais Des miroirs pervertis par l’orfroi des laquais Qui dirigent le temps et presque toute chose. Des mufliers en fleurs qu’un estafier arrose Bercent de leur maigreur les ombres...
D e lourdes chaînes d’or encerclent le jardin Et creusent de leur poids le sable de la plage Que des algues de soie imbibent d’une image Alourdissant le ciel d’un sourire badin. Le sucre liquoreux d’un sirop grenadin Mouille les fleurs du parc d’une saveur...
P armi les dahlias les larmes de la lune Coulent des nœuds de soie et de rouge coutil Que la cendre du soir au regard volatil Poudre sur le terroir d’une branche de dune. Des roses en plein ciel sous une peau de prune Regorgent de parfum jusqu’au bout...
L e reflet gorgé d’or des très riches lambris De la chambre à coucher de la reine amoureuse Tranche au fil de sa lame une heure radieuse Suspendue au cristal d’un soleil tout en bris. Des chiffons de satin comme des colibris Papillonnent aux mains d’une...
D ans le drap marbré d’or d’un ciel pris à rebours Une main de chair nue avec délicatesse Efeuille l’aube brune au parfum de déesse Que des arbres tremblants exhument des labours. Des oiseaux merveilleux jouant aux calembours Dictent des mots perdus avec...
E n brodant de la nuit autour d’un goéland La mer brise les nœuds d’une voile en détresse Et plonge les marins dans un fracas d’ivresse Que les terres du nord puisent au Groenland. Ils ont rêvé de l’aube et d’un mât de chaland Comme des hommes nus embrassant...
F rileusement posé sous une ombre de pin, Le ciel gomme la mer tapie au fond du sable D’où parfois les remous d’un parfum redoutable Plissent un éventail au visage poupin. Des cigales en feu sur un bout de lopin Grignotent le silence à la peau délectable...
S a blafarde splendeur verse son sang de cire Sur le rebord des murs qui recouvrent la nuit D’une ombre de silence et d’une once de bruit Pendant que sous l’ivoire une larme transpire. Quelques carreaux de ciel où le destin conspire Jonchent un long chemin...
U ne timbale en or ouvre le monde clos De lèvres de satin qui murmurent dans l’ombre Des poèmes d’enfance où le poète sombre Quand d’un revers de vent la mer quitte l’enclos. Quelques plumes de sang outre l’amour éclos Pour les rides d’un temps que le...
C ’est en ouvrant son cœur aux larmes de tristesse Que toute chair souffrante a versé sur son sort Ce baume de vertu qui terrasse la mort Quand s’éteint le soleil dans un cri de détresse. Et si les lourds sanglots comme des nœuds d’ivresse Serrent le...
E n perçant le brouillard d’une griffe de fer L’oiseau vide le temps de ses larmes de rage Que des feuilles de buis sous le vent de l’orage Recouvrent d’un secret qui fait pâlir l’enfer. Comme un bruit étouffé par l’or du mâchefer Jaillissant de la forge...