25 décembre 2014
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En caressant la cendre et son duvet de braise
Le vent souffle de l’or sur le palais glacé
Que des voiles de brume au sang violacé
Baignent du faux reflet d’une sombre fournaise.
Sous les voûtes résonne un murmure de glaise
Comme si le silence au goût opiacé
Refermait le jardin où le temps menacé
Perdait des fruits d’argent le long d’une falaise.
Une fine poussière attache aux chandeliers
Une toile de craie arrachée aux piliers
Qui bordent les bassins où se baigne la fée.
Etrange abolition des lois de la raison
Le rêve est un fantôme à la face griffée
Par des brins de désirs en pleine exhalaison.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Soierie de marbre
24 décembre 2014
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Un arlequin brodé sur un coin de rideau
Passe à travers le temps comme un souffle de verre
Que le soleil emplit d’un grand coup de tonnerre
Pour donner aux enfants un éclair en cadeau.
Sur le frêle ponton d’un éternel radeau
Des chevaliers de bois la main au cimeterre
Bravent de leurs deux bras les monstres de la terre
Qui rugissent enchaînés sous un puissant fardeau.
Des libellules d’or frôlent de leur dentelle
Le toit gris d’une tour où toute sentinelle
Chasse de ses deux pieds une chauve-souris.
Puis la ronde des mots tourne autour de la lune
Traçant des serpentins de tous les coloris
Que les anges rieurs plongent dans la lagune.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Soirie de marbre
23 décembre 2014
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Elle a quitté la page où le premier poème
Coulait comme du sang au cœur d’un parchemin
En suivant pas à pas le merveilleux chemin
Qui fige le soleil en cristal de bohême.
Des cloches saluant l’annonce d’un baptême
Jettent sur l’horizon des touches de carmin
Dont les bulles de vent au parfum de jasmin
Effleurent de leurs dents la splendeur du Saint Chrême.
Mais sous l’arche du cloître au pied d’un escalier
Une ombre s’est glissée en cachant un collier
Dans un drap de lin blanc orné d’une couronne.
Est-ce un conte de fée ou le fruit d’un espoir
Qui raconte la mort sur le dernier bougeoir
D’un cierge qui fleurit comme un cœur qui bourgeonne ?
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Soirie de marbre
22 décembre 2014
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Aux tremblements des mots s’ajoute le bonheur
D’ouvrir des bras tendus vers un bout de visage
Qui cache des sanglots à travers le grillage
D’un regard assoiffé devant tant de ferveur.
Des voûtes de la nef descend avec douceur
L’ombre couverte d’or d’un riche personnage
Qui traverse le ciel laissant dans son sillage
Des étoiles de soie au pied d’un patineur.
Des guirlandes d’iris à l’exquise fragrance
Déroulent des rubis sur un tapis garance
Et plongent l’univers dans un enchantement.
C’est un jeu de rubans, une lune vermeille,
Le soupir d’un enfant devant Dieu qui sommeille
C’est Noël qui approche avec scintillement.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Soirie de marbre
21 décembre 2014
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Avez-vous vu la nuit sous son crêpe de veuve
Longer les quais éteints et fouiller le canal
De ses doigts accrochés aux larmes d’un fanal
Sans que le moindre bruit de son ombre s’émeuve ?
Connaissez-vous la peur de tomber dans ce fleuve
Dont le flot se confond au brouillard hivernal
Le temps de découvrir l’horreur d’un tribunal
Qui juge sans regret et sans aucune preuve ?
Donneriez-vous du pain aux bouches de l’enfer
Si vous saviez aussi que la douleur du fer
Percent le cœur des gens qui cherchent la lumière ?
Pourtant des reflets d’or inondent vos regards
Lorsque s’ouvre le temple où sous la meurtrière
S’écroule un corps criblé de lames de poignards.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Soirie de marbre
20 décembre 2014
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Couvert d’un chiffon d’or froissé par le mistral
Un pont de pierre blanche enjambe la rivière
Comme un trait de crayon en forme de rapière
Que de riches brigands tirent du littoral.
Des morceaux de ciel bleu sous un chêne ancestral
Illuminent un lavoir où cette lavandière
Rince un drap de soleil dans un bain de lumière
Déployant sa beauté d’un geste théâtral.
Les oliviers en fleurs et les champs de lavande
Gribouillent des parfums sur des bouts de guirlande
Qui courent de la mer aux murailles du fort.
Sous les trilles d’un fifre un air de farandole
Scintille comme un mât qui retrouve son port
En semant en chemin des noyaux d’azerole.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Soirie de marbre
19 décembre 2014
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Presque sans aucun souffle un nuage se fond
Dans le creux d’une dune où se blottit un ange
Dont les ailes de soie effleurent de leur frange
Un soleil paresseux au regard rubicond.
Pressé de s’enterrer un crabe vagabond
File comme un éclair trempé dans de la fange
Cousant de la dentelle à sa démarche étrange
Que le sable soyeux avec la mer confond.
Des confettis d’écume ouvrent des gouffres d’ombre
Où plongent des dauphins que des vagues sans nombre
Recouvrent d’un cristal à la peau de lézard.
Quelques oiseaux lointains planent sur le rivage
Déchirant le matin d’un revers de poignard
Puis se posent lassés sur le bord de la plage.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Soirie de marbre
17 décembre 2014
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A la source du vent jaillit une fontaine
Que des brindilles d’or couvrent de leur éclat
Pour enchâsser la nuit dans un grain de muscat
Rougi par un soleil à la barbe de laine.
Des filles de village aux peaux de porcelaine
Dansent sur le parvis pour le prix d’un ducat
Et filent dans les doigts d’un geste délicat
Pour attiser l'orgueil d’un parfum de fredaine.
Quelques bouquets de fleurs noués d’un ruban noir
Garnissent de couleurs les pavés d’un couloir
Qui mène au bout des sens comme un fard de groseille.
Enfin l’aube se lève et jette sur l’étang
Son manteau de velours éclaboussé de sang
Puis d’un baiser de feu réchauffe un cœur d’abeille.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Soirie de marbre
16 décembre 2014
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à Roselyne M.
Les arbres broient de l’or dans des flaques de ciel
Et sur un mur de pierre un rayon de lumière
Pose son gant de soie au cœur d’une verrière
Dont le vitrail fleurit quelques larmes de miel.
Le vent accroche un mot au bout d’un arc-en-ciel
En traversant l’allée où s’élance altière
La tombe d’une dame à la souche princière
Qui défie un instant l’ombre d’un gratte-ciel.
Un écureuil frileux grignote le silence
Comme un signe de Dieu en pleine efflorescence
Entre les marbres noirs et les plaques d’émail.
Le temps s’arrête là dans un miroir de glace
Au bout d’un souvenir qui se glisse fugace
Sous le bruit du gravier qui conduit au portail.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Soirie de marbre
14 décembre 2014
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Au bout de ce couloir où se cache la vie
La lumière du jour couverte de sanglots
Saigne comme une plaie offerte aux angelots
Qui rongent le silence en dévorant l’envie.
Les portes d’une alcôve ornent d’une exuvie
Le chambranle d’un temps qui roule sous les flots
D’une rivière d’or dont les quelques îlots
Abritent les chagrins d’une âme inassouvie.
Les visages griffés aux ronces de l’été
Se fanent au soleil d’une autre éternité
Comme une rose crie au cœur de la souffrance.
Sont-ce pourtant les mots qui percent le secret
D’un regard déchiré par l’obscure impuissance
D’un destin balayé d’un geste si discret ?
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Soirie de marbre
6 décembre 2014
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En fondant le soleil dans une urne d’airain
Le temps courbe le dos sous le poids de la crainte
Et suit d’un pas funèbre un corbillard de sainte
Que le peuple labile adore avec entrain.
Des flammes en réglisse au bord d’un souterrain
Equarrissent la chair dont la seule contrainte
Eloigne le mortel d’une triste complainte
Par le bruit incessant d’un désir souverain.
C’est en creusant les mots que le poète souffre
De comprendre le sens de son immense gouffre
Alors que sous la pluie une larme fleurit.
Or quand il voit le jour du dernier sacrifice
L’encre de sa fontaine élégamment tarit
En brisant du cristal d’un ultime artifice.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Griffes d'orties
5 décembre 2014
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Ils ont tendu leurs mains vers un ciel sans nuage
Ouvert leurs yeux blessés par l’éclat d’un miroir
Et plongé leur regard dans un très long couloir
Dont les murs de granit se couvrent de cirage.
En jouant au plaisir d’un peu de grappillage
Ils effacent le vent du bout de leur mouchoir
Comme si par hasard l’hémorragie du soir
Envahissait soudain les lèvres de la plage.
Ils cueillent le désir aux doigts d’un framboisier
Qui tache de parfum les plis d’un chemisier
A peine plus froissé qu’une rose trémière.
Puis ils roulent leurs corps dans le sable glacé
Et s’endorment soudain le souffle entrelacé
D’une ombre de repos et d’un bruit de lumière.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Griffes d'orties
4 décembre 2014
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Aux rives de l’enfer des palmiers à foison
Offrent du réconfort à la fraîcheur d’une ombre
Qui glisse du soleil vers une heure plus sombre
Où le pécheur boira la coupe du poison.
Qui cherche à se cacher sous la riche toison
Perdra bientôt son temps comme un morceau de nombre
Détaché de la nuit où déjà le cœur sombre
Dans la béatitude et dans la pamoison.
Puis viendront les fossés recouverts de sulfure
Et les douleurs naissant d’une longue griffure
Dont le sang coulera sur des buissons de buis.
Des ruches de bourdons lâcheront leur nuage
Et sous les dards de feu périra dans la rage
Le monde du plaisir derrière un vantail d’huis.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Griffes d'orties
3 décembre 2014
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L’ivoire a le pouvoir de dissoudre la cendre
Dans la liqueur d’un temps qui coule de l’émail
Comme une aube de lin que le plomb d’un vitrail
Façonne en tressaillant en une scolopendre.
Les bourgeons d’un soleil si facile à surprendre
Eclosent dans le ciel sous un arc de corail
Près du mur décrépi d’un caravansérail
Où logent le sultan et son diable de gendre.
Les pages du palais qu’empoisonne le vin
S’avancent vers un lac dont le sable divin
Recueille l’horizon sur un plateau de braise.
Puis la vision fuit vers le bout du regard
Distillant dans la nuit un doux parfum de fraise
Pour que l’encre d’un mot épouse son buvard.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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Griffes d'orties
2 décembre 2014
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Le givre de la nuit blanchit de son manteau
Le fantôme d’un arbre enveloppé d’air moite
Que la lune en passant sous une porte étroite
Brode d’un brin d’argent au bout de son marteau.
Une louve affamée aux portes du château
Traverse le chemin d’une allure benoîte
Qui conduit à l’étang où déjà l’or miroite
Comme un soleil enfoui au dos d’un écriteau.
Le souffle glacial d’une étoile en voyage
Fige dans la forêt le cœur d’un paysage
Dans l’immobilité d’un marbre de tombeau.
C’est sous un pont de pierre aux arches de dentelle
Que niche cependant le tout dernier corbeau
D’un pays englouti par la fée immortelle.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2014
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