3 décembre 2011
6
03
/12
/décembre
/2011
18:31
Dans les buissons du soir où se cache une tombe
La pluie approfondit le mystère d’un roi
Qui quitta son château sans le moindre charroi
Pour toucher de son cœur la très blanche colombe.
Sur un rivage hostile aux bouches d’une combe,
Il rencontra cet homme au profond désarroi
Dont la sinistre allure inspirait tant d’effroi
Que les plus vaillants chefs tombaient par hécatombe.
On le croyait pourvu du pouvoir de Satan
Et l’on disait de lui qu’il était un sultan
Dont les crimes passés se comptaient en grand nombre.
Mais bravant la terreur pour l’amour de son dieu
Le roi lui demanda d’abandonner ce lieu
Pour le suivre sans peur sur les sentiers de l’ombre.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages de l'Avent
2 décembre 2011
5
02
/12
/décembre
/2011
22:26
Photographie @Georges Sicard
Un corail de couleurs découpé par les toits
Pavoise dans le sang d’un couchant volatile
Dont les nids de cigogne à la tache immobile
Ponctuent de leur rigueur les reflets maladroits.
Le long de la rivière où les ponts par endroits
Jettent leur langue d’or comme un feu de reptile
Les palais rougeoient seuls dans un miroir mobile
Que des arches de pierre enjambent d’île en île.
L’horloge sidérale emblavée à l’enclume
Bourgeonne à chaque instant d’un rejeton de brume
Sous un carillon clair aux divins chuchotis.
Don Juan entre en scène et la ville chatoie
D’un frisson de beauté que la lune déploie
Sur des pavés luisant d’un clair obscur exquis.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages en voyage
1 décembre 2011
4
01
/12
/décembre
/2011
20:50
Quelques temples en ruine entourés d’un bocage
Dressent leur majesté dans un ciel hivernal
Dont la dentelle en tulle à l’éclat virginal
Dérobe la couleur d’un horizon en cage.
L’or, l’encens ou la myrrhe offerts par un roi mage,
Invisibles trésors d’un monde oriental,
Enrichissent l’orgueil du cortège royal
D’un amour rayonnant à ce nouveau présage.
Des princes en turban et des pages de cour
Chuchotent à mi-mots, en attendant leur tour,
Leur émerveillement devant tant d’allégresse.
Mais un singe rêveur et un paon sur un mur
Regardent l’au-delà montrant tant de tristesse
Qu’un nain tremble déjà, lisant dans le futur.
Francis Etienne SIcard Lundquist ©2011
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages de l'Avent
30 novembre 2011
3
30
/11
/novembre
/2011
22:41
Cette ville où fleurit tout espoir de guérir
Fourmille d’allégresse et psalmodie en chœur
Des cantiques de joie où brûle la ferveur
D’une foule arrachée à la peur de souffrir.
La basilique appelle au devoir de fléchir
Un genou sur le sol devant le rédempteur
Dont la divine enfance emplit par sa douceur
La montagne alentour du plus ardent désir.
La foi de Bernadette élevée à l’extase
Pare de sa beauté chaque morceau de phrase
Qu’un rosaire anoblit aux grains des chapelets.
Les malades par train, les aveugles en silence
Accourent par miracle avec leurs angelets
Vers la Vierge attendrie à leur seule présence.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages de l'Avent
29 novembre 2011
2
29
/11
/novembre
/2011
21:39
Un lapin de garenne à la douce fourrure
Jouait aux osselets sur un rocher moussu
Préférant fréquenter le beau monde cossu
D’une garrigue en fleurs, loin de toute masure.
Un corbeau voyageur cultivant le parjure
Se faisant regarder comme un aigle bossu
L’approcha prudemment pour toucher le tissu
D’un si joli manteau sans aucune couture.
Vous avez, lui dit-il, un tel trésor sur vous
Qu’il n’est guère prudent d’attirer les filous
En ce lieu solitaire où vous faites merveille.
C’est, lui répondit-il, qu’on y rencontre assis
Des oiseaux comme vous qui bien qu’un peu rassis
Font un parfait dîner pour qui n’a pas d’oreille.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages blanches
28 novembre 2011
1
28
/11
/novembre
/2011
20:58
Aux portes d’un abîme à l’horrible senteur
Des êtres décharnés par des bancs de sulfure
Errent comme des rats privés de sépulture
Que rôtissent des feux d’une âcre puanteur.
Des animaux de cirque au sourire menteur
Dépècent des corps nus soumis à la torture
Dont l’atroce agonie alentie au cyanure
Retentit dans le vide au-delà de la peur.
Sous un ciel de plomb chaud percé d’un cimeterre
Des marmites de chair vomissant de la terre
Bouillonnent bruyamment d’une lueur lugubre.
Des machines broyant des squelettes damnés
Déchirent sous leurs crocs les pécheurs condamnés
Que rien ne sauvera de ce monde insalubre.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages de l'ombre
27 novembre 2011
7
27
/11
/novembre
/2011
18:09
Dans un ciel plein de sel un ange virtuose
Touchant de ses doigts purs une lyre en cristal
Annonce en quelques mots le mystère natal
D’un enfant dont le monde attend l’apothéose.
C’est l’heure où le soleil fleurissant d’une rose
Dépose dans les cœurs le trésor abyssal
De l’amour éternel et du pardon sacral
Dont la parole instruit la science de la gnose.
La première bougie affranchit de la peur
De mourir sans espoir pour un pauvre pécheur
Dans ces flammes d’enfer où se vautre le diable.
Or la grâce divine et le don de piété
Accordant le salut pour un crime expiable
Eloignent le péril d’une juste anxiété.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages de l'Avent
26 novembre 2011
6
26
/11
/novembre
/2011
19:57
Un jardin en automne aux teintes de corail
Chante encore une fois d’une voix séraphique
Des gouttes de mots purs qu’une strophe saphique
Empapillotent d’or dans un riche gemmail.
Des taches de couleurs coulant d’un grand vitrail
Viennent verser leur sang au flot hiéroglyphique
Sur des lambeaux de nuit dont le mystère orphique
Embellit le tableau d’un sublime détail.
La brise rafraichit la roseraie en larme
Qu’une étoile au zénith soudainement alarme
De son regard glacé par les vents de l’hiver.
Au bord de la terrasse où fane la glycine
Une femme embaumée à l’eau de vétiver
Boucle déjà l’été d’un nœud de balancine.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages blanches
25 novembre 2011
5
25
/11
/novembre
/2011
20:12
Il n’y a pas un mot qui ne brise la joie
Ni un seul soupirail qui respire le jour,
Car le monde est un parc où le plus long séjour
Ne dépasse jamais la terreur d’une proie.
Les grilles de nos cœurs et leurs cordes de soie
Etranglent nos destins d’un chemin sans retour
Où nos pas égarés égrainent le contour
De nos visages nus qu’un bel arc-en-ciel broie.
L’art d’écrire enrichit la faiblesse des sens
Et orne de son faste une œuvre à contresens
Que de riches esprits savourent de leur langue.
Quand enfin le chagrin creuse l'or de la nuit
Des cascades de sang comme des trous de bruit
Remplacent le savoir par une fée exsangue.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages blanches
24 novembre 2011
4
24
/11
/novembre
/2011
22:16
Des bouches en nuage et des regards de chair
S’enrobent d’un satin que le couchant fébrile
Brûle comme un parfum aux embruns d’une argile
Dont la terre mastique un tiède courant d’air.
Derrière le cristal d’un crépuscule clair
Des ombres d’encre noire au murmure fragile
Détachent de la cendre une lueur labile
Qui s’impose au silence où s’entrevoit l’épair.
Le papier gris du ciel et son buvard de lune
Richement décoré d’un chiffre de fortune
S’éteignent tressaillant sous le souffle du soir.
Pas à pas une étoile enjambant la lumière
Rallume de sa voix une rose trémière
Dont le baiser brûlant offre son encensoir
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages blanches
23 novembre 2011
3
23
/11
/novembre
/2011
22:30
Fuyant l’ombre du temps un cavalier nomade
Traverse le désert comme un fétu de paille
Qu’un vent de sable chaud sous sa côte de maille
Emporte à l’horizon au cœur d’une tornade.
Les branches du soleil en folle cavalcade
L’escortent de leur feu sur un lit de rocaille
Où se meurent le sable et la maigre broussaille
D’une oasis perdue au cours d’une croisade.
Des dunes par milliers gondolent le ciel pur
De leurs échines d’or où grésille l’azur
Aux bouches de serpents qui menacent de mordre.
La mémoire vacille au bord de l’univers
Puis le gouffre des mots qui sèment le désordre
Happe le messager presque au bout de ce vers.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages blanches
22 novembre 2011
2
22
/11
/novembre
/2011
17:53
A la frange du jour sous un masque en chagrin,
Une nappe de brume absolvant toute image,
Un fantôme se glisse au cœur d’un paysage
Dont les touches d’or pur dévorent le matin.
Les paons majestueux d’un jardin florentin
Suivent de leur regard un homme sans visage
Dont la sombre beauté de nature sauvage
Eblouit un passant qui croise son chemin.
Est-ce un prince amoureux d’une jeune bergère
Un maréchal épris d’une fille légère,
Ou le fils d’un marquis se rendant au duel ?
Seul un vieillard bossu déguisant sa puissance
Sous un rire étouffé par un spasme cruel
Reconnaît ce seigneur de très haute naissance.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages de l'ombre
20 novembre 2011
7
20
/11
/novembre
/2011
22:02
Détachant de son corps un lambeau de silence
Une lettre cachée au fond d’un seul tiroir
Couvre secrètement l’image d’un miroir
Que le temps cuivre encor d’une poudre d’absence.
Des bouquets de mots doux sans aucune prudence
Confessent un amour dont le plus vif espoir
Embrase le papier d’un parfum de boudoir
Où se glisse un baiser comme une confidence.
Le leurre toutefois aveuglant la raison
Aiguise le désir de haute trahison
Dans un cœur amoureux de la beauté des anges.
Mais le Vicomte choit mortellement touché
Victime de son art d’insolent débauché
En terrassant ainsi Cécile de Volanges
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages de l'ombre
18 novembre 2011
5
18
/11
/novembre
/2011
21:54
J’ai nourri le soleil d’une larme de miel
Et j’ai creusé la nuit de mes silences vains
Que parfois j’habillais de feuillages sylvains,
Mais jamais je n’ai pu toucher le bleu du ciel.
Des marmites de mots et des flacons de fiel
Ont encombré mes vers de poudres et levains,
Car je pleurais souvent la mort des écrivains
Comme on jette les dès aux doigts de l’arc en ciel.
Quand un bateau quittait un port de l’Atlantique
Je remplissais mon cœur des versets d’un cantique,
Préférant oublier que le chagrin meurtrit.
Une rose a fleuri dans mon âme livide
Que l’automne a brulée à son regard avide,
Or jamais je n’ai cru les fables de l’esprit.
Francis Etienne Sicard Lundquist
©2011
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages blanches
17 novembre 2011
4
17
/11
/novembre
/2011
22:36
Acrylque de Marie Hélène GRIEU
Dans un creux de garrigue au parfum de lavande
Le monastère dort au pied d’un ciel brûlant
Qu’une source d’eau vive au cœur étincelant
Désaltère un instant de sa fugace offrande.
Le cloître et sa dentelle ornent de leur guirlande
La lumière en prière et le feu ruisselant
Des pierres du silence où se grave en tremblant
Un rayon de soleil sous une houppelande.
Des fûts de marbre antique aux feuilles de roseaux
Ravivent la ferveur des moines de Cîteaux
A prier le Seigneur pour le don de sa Grâce.
Les ombres des cyprès et la voûte des pins
Volent alors des arcs des doigts d’une rosace
Que le vent de la mer cache dans les jardins.
Francis Etienne SIcard Lundquist
©2011
Published by Lettres de soie rouge
-
dans
pages blanches