17 juillet 2013
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Dressée au bord de l’aube où se pétrit le jour
La cathédrale en pierre épouse le silence
D’une vague de nuit dont la munificence
Dore déjà les toits d’une peau de tambour.
Les arches de son cloître et les reins de sa tour
Exsudent un parfum cher aux pins de Florence
Dont l’ombre de satin conseille l’abstinence
Aux corps décapités des gisants de la cour.
Les roses d’un jardin caressent la fontaine
Eveillant à leurs doigts des perles par centaine
Qu’elles enchaînent aux cils d’un merveilleux vitrail.
Quelques saints innocents y racontent l’histoire
D’une lèvre de verre aux couleurs du corail,
Puis le soleil se mêle à l’or pur d'un ciboire.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2013
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Feuillets d'argent
16 juillet 2013
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Des boules d’or fondant à la peau de réglisse
Parfument de leur soie une plage en papier
Sur laquelle un matin une main de drapier
A posé le soleil dans un coin de coulisse.
L’ivresse d’un baiser mouillé d’eau de mélisse
Grise l’éternité du refrain d'un guêpier
Que des feuilles de roc cachent dans un plumier
Sous le drap chatoyant d’une longue pelisse.
A la rougeur du ciel la mer hurle sa peur
D’une folle tempête à grands cris de stupeur,
Et son ressac se noue aux perles de dentelle.
Passe une ombre de rouille au bord de l’univers
Que des bouches de plomb au sourire pervers
Effacent de la page, et le temps s’écartèle.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2013
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Feuillets d'argent
15 juillet 2013
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Dans la chambre de marbre aux portes de grenat
Le souffle lourd et lent de la nuit solitaire
Foule le doux velours d’un rare reliquaire
Où repose une mèche au reflet incarnat.
De longs cierges de cire en signe d’apparat
Brûlent infiniment près d’un abécédaire
Dont les lettres de bronze ornent un baptistaire
Reposant sur le fil d’une voix de castrat.
Assis près du silence au pied d’une croix noire
Un ange avec amour et dans toute sa gloire
Soulève un drap de lin, les yeux remplis de ciel.
Sont-ce des grains de sable aux éclats de cerise
Ou des boules d’airain encerclant la banquise,
Qui coulent d’un regard à la couleur de miel ?
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2013
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Feuillets d'argent
14 juillet 2013
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Quelques étoiles d’or au dessus de la terre
Dansent comme du feu descendu d’un bougeoir
Le long d’un noir vitrail que des coups de grugeoir
Ont poli dans le sang d’un invisible verre.
Des masques à visage et des morceaux de pierre
Ignorant la splendeur d’un précieux drageoir,
Brisent l’ordre ancien au creux d’un égrugeoir
Où se meurent les rois qui perdirent la guerre.
Des flammes en couleur et des jets de cristal
Percent l’obscurité de leurs cris de métal
Pour venir s’écraser au pied d’une tourelle.
Puis le jardin s’enfonce au cœur de la douleur
Dont les rides de soie et les brins de dentelle
Rappellent un destin dévoré par la peur.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2013
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Feuillets d'argent
12 juillet 2013
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Frileusement posé sous une ombre de pin,
Le ciel gomme la mer tapie au fond du sable
D’où parfois les remous d’un parfum redoutable
Plissent un éventail au visage poupin.
Des cigales en feu sur un bout de lopin
Grignotent le silence à la peau délectable
Croquant l’été torride au nez d’un connétable
Qui traine ses pas d’ogre enchaussé d’escarpin.
Aux émaux de la nuit l’air emprunte la grâce
Pour broder sur le port des dentelles de glace
Que les bateaux joyeux dévorent en dansant.
Puis la brise marine emporte sur sa lèvre
Un baiser gonflé d’or et de thym frémissant,
Dont le bulbe d’argile envoûte un cœur d’orfèvre.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2013
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Feuillets d'argent
9 juillet 2013
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En traversant la nuit au bord d’une terrasse
Le promeneur muet contemple le désert
Rougir comme une flamme au-dessus d’un haubert
Que le vent du silence orne de sa tignasse.
Les éclats d’argent pur d’une riche cuirasse
Transpercent l’horizon de leurs fils de faubert
Et déchirent le temps qu’une ombre a recouvert
D’une mèche de sang et d’un bout de filasse.
Tout le ciel se replie autour d’un arbrisseau
Foulant de son foulard l’onde d’un long ruisseau
Où s’abreuve un enfant orphelin et numide.
Puis le sable soulève une ride d’orgueil
Dont le cercle infernal, préparant le cercueil,
S’enroule autour d’un cœur près d’une pyramide.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2013
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Feuillets d'argent
8 juillet 2013
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Autour des sangles d’or d’un mirage en couleur
Des cendres de lumière effleurent de leur braise
La rocaille d’un puits creusé sur la falaise
Que la mer a prêtée aux mains d’un ciseleur.
Des rivages de feu comme des bruits de pleur
Longent de leurs sanglots des crevasses de glaise
Où s’épandent des mots à la saveur de fraise,
En écartant parfois des bribes de chaleur.
Un voile soulevé par la nuit qui s’avance
Poudre de sa beauté la discrète élégance
D’un oiseau s’envolant de toute éternité.
Et quand la brise endort la dernière églantine,
Le chemin de la plage abaisse sa courtine
Sur le rêve d’un jour, avec alacrité.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2013
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Feuillets d'argent
7 juillet 2013
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La poésie est l’art de gribouiller l’enfance
Sur le velours fané d’un morceau de buvard
Que des taches de sang réveillant le brouillard
Embellissent d’une ombre aux contours de la France.
Des rubans suspendus en travers de la chance
Flottent comme des trous le long d’un boulevard
Où des masques de boue au rire peu bavard
Enlacent les passants d’un frileux pas de danse.
Ce sont des parfums crus et des monceaux d’or pur
Qui gonflent le corail des murailles d’azur
Dont les reflets de cire avalent chaque vague.
Et si sur les cahiers recouverts de cristal,
Le nom d’un grand poète est percé d’une dague,
C’est que dans les greniers règne un sommeil fatal.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2013
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Feuillets d'argent
5 juillet 2013
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Les voiles indiscrets des immenses tiroirs
Couvrent de leur bois mort des pages d’encre rouge
Que les greniers du ciel aux fibres de carouge
Brûlent sous un soleil traversant les miroirs.
Près d’un tambour planté comme l’or des manoirs
Une plante en corail dont le saint soupir bouge
Entre les bruits fruités d’une tranchante gouge
Courbe ses plis de sel contre l’air des couloirs.
Tout tourne autour des mots et de leur bienfaisance
Comme si l’écriture épuisait dans l’aisance
La vie entrelacée au rire d’un acteur.
Pourtant, plus tard, la nuit, lorsqu’arriva la grêle
Des branches de safran au pouvoir destructeur
Blanchirent le papier d’une neige très frêle.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2013
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Feuillets d'argent
2 juillet 2013
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Au cœur d’une fontaine où tremble un épi d’orge
Des écailles de rouille embrouillent l’écheveau
D’une source rongeant les lèvres d’un claveau
Sculpté dans une étoile à l’opulente gorge.
Le chant assourdissant d’une lointaine forge
Roule sur le gravier au fond d’un caniveau
Dont le fuyant cristal comme un brûlant caveau
Conduit l’éternité vers le sel d’un salorge.
Des dentelles de brume habillent d’un rayon
Un orage grisé sous un coup de crayon
Dont la mine d’argent esquisse le silence.
Et par-dessus les toits d’un palais de satin
Passe le ruban bleu d’un bout de serpentin
Dont le souffle ébouriffe un beau ciel de Provence.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2013
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1 juillet 2013
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En égrenant le ciel au bout d’un cri de cœur
Une hirondelle danse une valse de flamme
Et transperce l’azur d’une immense oriflamme
Qui claque dans le vent comme un pois de senteur.
Des brindilles de rire à la douce couleur
De l’ambre qui s’éteint dans un long soupir d’âme,
Déroulent le velours d’un riche nomogramme
Gravé dans une étoile en perle de vapeur.
Des morceaux de silence et des jarres de fonte
Confondent la fraîcheur et la voix d’un archonte
En suspendant des lois sur un fil de couteau.
Puis des jets de corail dans des paniers de foudre
Barbouillent l’univers d’une couche de poudre
Dont la soie et le sucre ont dévoré la peau.
Francis Etienen Sicard Lundquist ©2013
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Feuillets d'argent
29 juin 2013
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Comme danse le jour au bout d’une prière
Les lèvres du soleil touchent d’un long baiser
La chair de nos amours que seul peut apaiser
Ce silence des mots perdu dans la clairière.
Les riches souvenirs d’école buissonnière
Emaillent ces matins où nous devons glaiser
Nos rires de papier et souvent biaiser
Par des chemins de boue emblavés d’une ornière.
Les roses et les nuits ternissent à leur loi
Les splendeurs de cet or dont le très bon aloi
Rassurent tous les rois et nos rêves de songe.
Pourtant nos doigts crochus retouchent à leur peau
Des rides de vertu que parfois le mensonge
A recouvert d’un gant flottant comme un drapeau.
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28 juin 2013
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A la forge des mots tous les bouts de miroir
Rougissent sous le feu d’une encre violette,
Décolorant la nuit sur une espagnolette
Entrouverte aux secrets d’un fabuleux tiroir.
Un châle de satin échappé d’un ouvroir
Glisse sur un parquet où gît une épaulette,
Comme si le plaisir d’ouvrir la chevillette
Inondait les jardins d’un embrun de gaufroir.
Des pages aux longs trépas se froissent avec ivresse
Entre des doigts de fée aux griffes de tigresse
Qu’un regard d’acier noir contemple avec amour.
Le temps fond la lumière avec un magistère
Dont le puissant pouvoir dissout avec humour
Le seul instant du jour où se livre un mystère.
Franncis Etienne Sicard Lundquist ©2013
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Feuillets d'argent
27 juin 2013
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Dans un bouclier d’or où repose un cœur d’ange
Un brin de satin noir recouvre de son sang
Des perles de cristal que les bords d’un étang
Boivent comme du miel au goût mûr de l’orange.
Des algues en silence accoutrent de leur frange
La dentelle de l’eau que des brins de rotang
Serrent entre leurs doigts sans jamais rompre un rang
De vagues s’échappant de la douceur d’un lange.
Une ombre de mantille attardée au clocher
Glisse sa gaze en soie aux lèvres d’un rocher
Qui frisonne en mourant dans un creux du rivage.
Puis le sable du soir éponge tout soupir
D’un obscur drap de cire où viennent se tapir
Les premières couleurs d’un conte et son mirage.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2013
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Feuillets d'argent
26 juin 2013
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Drapé dans un feuillet comme un lingot d’argent,
Le coeur emmitouflé d’une frileuse lune
Se penche sur le sable échappé de la dune
Où se couche le corps d’un frère de Saint Jean.
Quelques rubis jetés d’un geste négligent
Dessinent sur la mer un soleil de fortune
Dont les rayons de sel en mystères de rune
Changent tous les bateaux chargés de firmament.
Un bric-à-brac de mots déballés sans sottise
Dévoile des secrets dont l’horrible hantise
Convertit les marins au culte du démon.
Puis la face plongée au cœur d’une fournaise
L’astre sanglote nu recouvrant de sa braise
Le reste d’un sommeil qui ronge le timon.
Francis Etienne Sicard Lundquist ©2013
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